Ce sujet m’a inspiré car je rencontre chaque année, au cours des stages de jeu en groupe que j’anime, des personnes qui jouent en groupe pour la première fois.
Lorsque c’est le cas, je leur pose toujours la question de savoir pourquoi elles n’ont jamais joué en groupe.
Les raisons évoquées sont celles dont je vais parler ici.
Pour la plupart de ces stagiaires, le jeu en groupe est une révélation, un bonheur et une concrétisation importante de leur investissement guitaristique…
J’ai envie de jouer en groupe mais je ne sais pas si je suis assez bon…
Si je joue dans un groupe, je ne veux pas jouer du blues, j’aime pas trop ça…
Jouer dans un groupe doit demander trop de temps, je ne pourrais pas être assez disponible…
Si c’est pour faire des reprises, ça ne m’intéresse pas…
Je ne suis pas sûr de m’entendre avec les membres du groupe, je ne les connais pas…”
Voyons ensemble quelles sont…
LES 5 CROYANCES QUI M’ÉLOIGNENT DU GROUPE
Tu as souvent rêvé de faire partie d’un groupe, mais quelques doutes t’en ont empêché.
Essayons ici d’analyser si ces “obstacles” sont bien réels, si tes questions sont bien fondées.
Si tu sens au fond de toi l’envie d’intégrer un groupe mais que certaines craintes te barrent la route, lis bien cet article car ce serait trop dommage de passer à côté de ton rêve.
Les 5 raisons souvent évoquées par ceux qui auraient adoré jouer en groupe mais qui n’ont pas franchi le cap concernent le plus souvent :
- La disponibilité
- Le style de musique
- Le niveau requis
- L’entente entre les personnes
- La finalité (l’objectif) du projet
On se rend compte quand on y pense que ce sont 5 mauvaises raisons, ce sont plutôt des croyances.
1. Je n’aurai jamais le temps d’avoir un groupe
La disponibilité pourrait être un problème, c’est vrai mais dans certains cas seulement.
À moins d’avoir un métier qui demande 70 heures de travail par semaine, je crois que tout le monde peut trouver 6 à 10 heures de disponibilité hebdomadaire.
Dans ces 6 à 10 heures, je compte une répétition de 4 heures un soir de semaine dans un local avec tout le groupe, il reste 2 à 6 heures pour le travail personnel sur le répertoire, sur toute la semaine.
Normalement, c’est envisageable.
Bien sûr cela dépend de la nature du projet, un groupe qui compose sa musique originale a besoin de plus de temps qu’un groupe qui monte un répertoire de reprises.
Mais tout n’est qu’une question d’organisation.
Chaque membre du groupe peut et doit (voir l’article des 10 commandements du groupe) travailler de son côté entre chaque répétition, ainsi les moments de travail collectif sont destinés à la mise en place des titres.
Il y a bien longtemps (en 2000), j’ai coaché un groupe amateur composé d’un médecin, un chirurgien, un avocat, un assureur et un informaticien…
Autant dire que les membres de ce groupe avaient tous des semaines bien pleines, et pourtant…
Le rythme d’une répétition par semaine leur a permis d’assurer plusieurs concerts au mois de juin cette année-là.
Et il fallait voir comment ces Messieurs de 50 balais s’éclataient ! C’était magnifique !
La répète du mardi soir était devenue indispensable pour eux et pour rien au monde ils n’auraient manqué ça. «
C’est comme pour le sport ou toute autre activité finalement : Si tu veux vraiment trouver quelques heures, tu arriveras toujours à les trouver.
2. J’ai mon style, j’veux pas jouer de la musette
Je suis parfaitement d’accord avec toi, et moi non plus je ne jouerai pas de musette !
Il va sans dire que la question du style est vraiment déterminante.
Ça parait évident qu’il faille se sentir à sa place dans un groupe, et pourtant…
Parfois chez certains groupes très amateurs, on peut avoir l’impression que le simple fait de jouer à plusieurs est déjà une finalité en soi, quelque chose d’inespéré, un aboutissement.
Alors qu’on peut parfois se demander s’ils ont bien choisi de jouer ensemble, tant la formation est improbable dans certains cas.
« Mais c’est bien ! » me direz-vous, et puis il faut bien commencer un jour, on ne peut pas tout de suite faire partie des Foo Fighters…
Oui mais : une certaine cohérence serait à observer pour que l’envie de jouer ensemble perdure.
Les écarts d’âge
Dans le manque de cohérence et les formations improbables, il y a éventuellement les écarts d’âges.
Même si ce n’est pas forcément un problème en soi, on peut plaindre la petite chanteuse toute mignonne de 15 ans, accompagnée par des vieux loups de 60 ans..
Les influences disparates
Si le batteur n’écoute que Sepultura, que la chanteuse se dope au R&B, que le bassiste ne jure que par the Cure, et le guitariste ne joue que du blues, il arrivera un moment où le choix des morceaux ne sera pas simple.
Même dans un « compromis démocratique’ », ça n’aurait pas de sens.
Le groupe ne peux pas jouer un titre de chaque style pour contenter chaque membre, il risque d’y perdre son public.
L’équipe imposée
Même si tu habites un village, ne te contente pas d’une “équipe imposée”.
Ce n’est jamais bon d’avoir dans le fond de l’esprit l’idée de “faire avec”, l’idée de “en attendant mieux”…
Il ne tient qu’à toi de trouver “groupe à ton pied”.
Aujourd’hui avec internet, sur les nombreux sites de musique qui s’adressent aux musiciens plus ou moins amateurs, comme Zikinf ; Audiofanzine ; Guitariste.com ; Easy Zic, il y a toujours les rubriques « petites annonces » pour mettre des musiciens en contact dans toute la France.
Le style
Au-delà de l’âge, du look et autres considérations secondaires, je crois que c’est vraiment la question du style qui doit être prise au sérieux.
Qui se ressemble s’assemble, c’est bien connu.
De plus, on joue toujours mieux un style que l’on aime bien qu’un autre genre musical que l’on apprécie moins, malgré toute sa meilleure volonté.
Et puis le style définira aussi le look du groupe, son attitude, ce qui l’aidera à rencontrer son public.
Si autour de toi il n’y a que des groupes de musette, dépêche-toi d’aller sur le net chercher le groupe à ton pied, et si tu ne le trouves pas, forme-le toi-même en passant tes annonces et en précisant évidemment le ou les styles de musique envisagés.
3 – J’ai peur de ne pas être assez bon pour le groupe
Qui n’a jamais ressenti ça à la lecture d’une annonce ?
Bon il faut dire quand même que la petite annonce faisait froid dans le dos : “Groupe pop/rock semi-pro cherche guitariste très bon niveau“.
Dans ce cas-là je suis comme toi, je me dis tout de suite “bon bah dommage, je n’ai pas le niveau…”
Une question de sémantique
Avons-nous raison de nous laisser impressionner par certains termes ?
Je crois que non.
Cela reste du vocabulaire finalement, à chacun sa lecture, son interprétation. Tout est relatif comme on dit.
Tu ne mettras peut-être pas le même sens derrière les termes “guitariste très bon niveau”, que le groupe lui-même.
Il est possible que pour eux, un guitariste de très bon niveau soit finalement à tes yeux un guitariste qui ne t’impressionne pas du tout !
Et puis honnêtement, le groupe lui-même n’est peut-être (sûrement) pas encore irréprochable, mais on ne lira jamais pour autant “Groupe pop/rock de niveau moyen, recherche guitariste moyen comme nous“.
C’est très important de comprendre ça.
En fait les groupes recherchent toujours un guitariste bon, voire de “très bon niveau”, même le groupe du coin qui ne joue pas en place, c’est comme ça tout le temps.
Alors ne te laisse surtout pas impressionner tant que tu n’as pas rencontré le groupe en réel, car ça pourrait aussi être toi qui es déçu finalement.
Le terme « pro »
Comme le terme “pro” : on ne sait pas toujours bien ce qu’il veut dire chez les musiciens.
Pour moi, le sens que l’on doit lui donner est quand même en rapport avec le fait de vivre de son instrument.
Être professionnel au sens réel en somme, au sens financier du terme.
Mais beaucoup de musiciens utilisent le terme “pro” pour situer un certain niveau de pratique.
Le terme “pro” signifie alors “on joue aussi bien que les vrais”, ce terme veut signifier “niveau pro”.
Là aussi il faudra rencontrer le groupe pour voir si l’appellation “pro” est bien fondée…
Pire : la définition “semi-pro“ !
Traduction : “Je ne vis pas (encore) de ma musique mais j’ai le niveau des pros”…
Ce n’est pas pour le plaisir me moquer que je dis ça, c’est juste ce que j’ai souvent constaté notamment chez des chanteuses.
Bien souvent cette auto-définition de “semi-pro” cache un sacré petit orgueil doublé d’amateurisme.
Il vaut mieux rester simple et humble même si l’on croit vraiment en soi, même si l’on a envie de se détacher du lot ou que sa petite annonce se distingue des autres.
Le terme amateur
Pour finir avec les problèmes d’interprétation : le terme “amateur”…
Celui-là a peut-être le mérite d’être honnête, mais c’est vrai qu’il n’est pas très vendeur : “Groupe rock amateur cherche guitariste“… Ah ouais c’est vrai, ça donne pas envie !
En fait, on se doute que le groupe doit être plutôt amateur, s’il n’est pas tout le temps en tournée, si les répètes ont lieu une fois par semaine, si tout le monde a un job à côté…
Du coup ce n’est pas la peine de le dire dans l’annonce car c’est vrai que le terme “amateur” porte un peu une connotation péjorative.
D’ailleurs c’est assez logique, puisque beaucoup d’artistes et groupes amateurs ont tendance à se revendiquer « pros » en se surestimant.
On a tendance à se dire que le groupe qui se revendique de “niveau amateur” doit vraiment être super nul…
Alors Il vaudra mieux définir le groupe autrement, en pointant le contenu du projet par exemple « groupe rock de compositions » ou « Groupe de rock psychédélique recherche… »
Tu l’as compris, ne te laisse pas impressionner par un certain langage tenu par les autres musiciens.
Il serait dommage que tu n’oses pas répondre à une annonce sans avoir évalué par toi-même ces notions de niveau.
Ne reste donc pas sur la lecture d’un énoncé : rien ne vaudra jamais une rencontre réelle avec le groupe.
4. J’ai peur de ne pas m’entendre avec les autres membres du groupe
La complicité
Il est certain aussi que l’entente amicale au sein du groupe, voire une certaine complicité est à souhaiter.
Là aussi, tu as beaucoup plus de chances de t’entendre avec des personnes plutôt en rapport avec toi.
L’aspect générationnel et le style de musique évoqués tout à l’heure, comptent beaucoup pour ça évidemment.
Les objectifs communs
Un autre paramètre qui détermine aussi une certaine cohésion amicale, c’est que les membres du groupe soient sur la même longueur d’ondes en termes d’objectifs et d’investissement.
On peut dire que le groupe s’entend bien s’il n’y a pas de gros décalages d’engagements dans le projet.
Les écarts de motivations peuvent aussi générer de la mésentente ou de la démotivation.
En effet, un guitariste besogneux qui partagerait le groupe avec un chanteur en dilettante, ou encore un groupe qui joue juste pour s’amuser mais avec un batteur hyper-studieux, ou encore l’égo démesuré du guitariste soliste qui oublie que l’on n’est pas encore au Stade de France…
Toutes ces raisons peuvent nuire à l’entente dans le groupe.
Le remède à ça serait que tu arrives à jauger le niveau d’implication de chaque personne dans le groupe.
Si tu arrives dans un groupe déjà constitué et que tu constates des différences d’implication, il sera utile de “mettre les pieds dans le plat” en pointant par exemple l’absence du chanteur, sous forme de question pour savoir si c’est souvent comme ça …
Ce qui ouvrira la discussion et ouvrira aussi les yeux de chacun sur ce point précis : êtes-vous tous autant motivés, ou pas ?
Parfois cela pourra déboucher sur le départ utile d’un musicien du groupe, il réalisera de lui-même qu’il n’était pas assez, ou beaucoup trop investi.
Que tu rejoignes un groupe constitué ou que tu formes ton groupe, je crois que l’une des clés de la bonne entente est donc bien d’être tous à peu près au même niveau d’intérêt pour le groupe, d’engagement, de participation, etc… Si c’est le cas, il y a fort à parier que l’entente sera bonne au sein du groupe.
5. Je veux jouer mes compos originales, pas des reprises
La destination, la finalité du projet est très importante aussi.
S’épanouir en groupe, rester motivé passe bien sûr par le fait de partager un objectif commun.
C’est une évidence là aussi, mais si tu aspires à la création, à la composition originale, tu t’ennuieras sûrement dans un groupe de reprises.
Ou l’inverse, si ton truc c’est de jouer des cover parce qu’il est plus facile de se produire en tant que groupe d’animation plutôt qu’avec un groupe de compo, c’est pareil, tu te sentiras en décalage au milieu des méandres de la recherche créative.
Il est donc très important d’être concerné par l’objectif du groupe.
Mais cela aussi est un faux problème puisque dès le départ, tu cibleras le projet qui te ressemble.
Chaque groupe a ses objectifs propres, il s’agit donc encore une fois de se reconnaître dans la démarche et les projets de la bande.
Plus l’objectif du groupe est particulier (jouer dans les prisons, faire la manche dans la rue, se produire en marchant dans les rues – même le batteur ! Oui oui, ça existe..) … plus tu as intérêt à être au courant du concept, dès le départ pour l’accepter ou pas.
Si tu ne trouves pas les bonnes personnes, si tu as des idées nouvelles ou des concepts très originaux, n’hésite pas là aussi à former ton groupe en étant bien explicite sur la destination du projet.
Comme ça tu seras dès le départ entouré de personnes qui comprennent et partagent ta démarche.
En conclusion, je dirais que l’envie et la possibilité d’évoluer en groupe ne tiennent qu’au fait de bien définir et bien choisir le projet.
Si tu trouves ou si tu formes le groupe « à ton pied », c’est que tu auras examiné tous ces paramètres.
Tu gagneras ainsi du temps et de l’énergie, et tu te rendras compte que ton groupe idéal existait bel et bien, et qu’il fallait juste le rencontrer